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Gaetano Cunsolo, Plus ou moins l'aire d'un paillasson, 2022

A propos de...
 
Gaetano Cunsolo, Plus ou moins l’aire d’un paillasson, 2022
Installation in situ, techniques mixtes
Dimensions variables
Commande du Centre culturel Jean-Cocteau pour l’exposition

Cette oeuvre s’inscrit dans la continuité de mes recherches sur la création de formes dans des espaces d’exposition à partir d’une superposition de matériaux de récupération que je trouve dans la rue et que je stocke à l’atelier. Ces matériaux m’intéressent car ils ont eu une vie. Ils portent des traces qui évoquent des usages ou des histoires. Ce sont des objets riches de vie mais lorsqu’ils occupent l’espace d’exposition sous la forme d’installation, ils laissent la possibilité aux visteur.euses d’imaginer de quoi il s’agit et d’où ils viennent. Ce sont des fragments qui se réinventent, trouvent de nouvelles associations et réécrivent un nouveau paysage. Cette construction ne suit pas un plan prédéfini, elle se joue durant le montage et relève d’un processus d’improvisation en dialogue avec l’espace. D’une part elle s’inscrit dans l’héritage de la sculpture, de l’autre elle propose un espace architectural tout en réfutant les codes classiques de l’architecture. Cette superposition de registres permet d’imaginer des possibilités fonctionnelles des éléments présents dans l’installation. Cet équilibre entre deux possibilités - celle de projeter les objets dans de nouvelles fonctions, tout en en percevant les anciennes - m’intéresse beaucoup car ça crée une situation sans solution, un espace suspendu dans l’usage et dans le temps. Une fois installée dans l’espace, cette stratification physique, poétique et sémantique des matériaux suggère une possible architecture, à des échelles différentes. On ne sait pas s’il s’agit d’un bivouac, un aménagement inachevé, un début de construction... La puissance du geste architectural qui rencontre la sculpture réside dans cette impossibilité à définir un projet totalement planifié.

Dans mon travail, le format de l’installation m’entraine toujours à être plus narratif que lorsque j’utilise d’autres médiums comme la peinture ou le dessin. J’utilise des objets porteurs de leur propre histoire : il faut trouver un équilibre entre leur passé et ce qu’ils interrogent au sein de l’installation. Le titre Plus ou moins l’aire d’un pail- lasson pousse vers une narration, pas forcément compréhensible, mais utilise une unité de mesure qui n’a aucun sens dans un projet architectural : l’aire d’un paillasson. Un paillasson a une taille plus ou moins standard que j’utilise comme une unité de mesure éphémère pour définir une échelle mais qui n’a aucune utilité. Lorsqu’on fait des travaux, on ne dit jamais que quelque chose doit avoir l’aire d’un paillasson. Ce paillasson représente le seuil qui peut être interprété comme l’accès à ce travail.

Lorsque je crée une installation je réfléchis aux déplacements dans l’espace en créant un display qui devient une sorte d’écriture. Je pense au mouvement de celleux qui l’habiteront le temps d’une visite, et qui elleux mêmes penseront au mouvement que j’ai tracé dans l’espace. Il y a un vrai dialogue mental qui nourrit l’imaginaire de l’artiste et du public dans l’appréhension du lieu.