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Romain Pereira, Filouteries, 2022, Editions Burn~août

 
Les éditions Burn~août

On considère Burn~août comme une plateforme et comme un outil qui permet de diffuser de la pensée et des idées. On parle d'outil parce qu'on essaye de le mettre au service des autres. Pour comprendre ce qu'est Burn~août, il faut en retracer l’historique. Tout commence en 2018 lorsqu'on fait notre premier livre qui s'appelle De la misère en milieu étudiant en réaction à la tentative de suicide d’un camarade du syndicat Solidaire qui s'immole devant le CROUS de Lyon et laisse une lettre expliquant les raisons de son acte. On a décidé de republier son texte, la réponse de la directrice, et au milieu le texte situationniste qui était paru sur le campus de Strasbourg en 1966 (Mustapha Khayati). La forme éditoriale permet d’assembler des choses de natures très différentes : c'est une pratique transversale, politique et artis tique. On perçoit ce projet comme la possibilité de rassembler de nombreuses personnes et contenus différents au sein d'un même objet qui puisse être diffusé très facilement. Le but de notre maison d’édition n’est pas tant de faire des livres mais de générer des interactions. Le livre n'est pas la forme finie ni le processus final d'une pensée. Nos fanzines sont beaucoup plus spontanés. C’est un format qui permet plus de liberté, car ce sont des objets moins conséquents, dans lesquels on peut davantage expérimenter. Ils sont comme des tracts – les fanzines font quatre pages – qui sont distribués gratuitement.

A propos de
Marc Fisher, Vers un modèle rentable pour une maison d’édition autonome, 2021, tract de la collection Positions d’éditeurices, Éditions Burn~août
et
Romain Pereira, Filouteries, 2022, tract de la collection Positions d’éditeurices, Éditions Burn~août

Nous cherchons à questionner la pratique éditoriale mais aussi sa profession- nalisation. Qu'est-ce que ça veut dire de rentrer dans l'économie de l'édition, de travailler avec des auteurs, des autrices, avec tout un réseau d'acteurs.trices du milieu de l'édition. Et c'est de là que provient cette envie et cette nécessité aussi pour nous de questionner le marché de l'édition et de savoir comment l'édition indépendante peut nous apprendre de ses pratiques. Le résultat de ces réflexions se développe dans les tracts de la série « Position d’éditeurices », avec des paroles d'éditeurs et d'éditrices sur la pratique éditoriale. L'idée est de faire circuler au sein de l'édition indépendante - et pas seulement - des outils, des manière d'appréhender la pratique éditoriale, de la concevoir pour la renforcer. Le premier tract est un texte de Marc Fisher, fondateur de la maison Half Letter Press, qui explique toutes ses petites stratégies de survie éditoriale depuis qu’il a commencé à faire des zines ou des livres. Le zine « Filouteries » réalisé par Romain Pereira, graphiste, auto-éditeur et affichiste qui vit en Ile-de-France, constitue le troisième tract de la collection et explique comment payer moins de frais de port pour les éditeurs.rices. Ce sont des conseils qu’on a mis en pratique de manière quotidienne dans notre économie très précaire. Le but est de mettre en place une sorte de communauté de l’édition indépendante et des gens qui essaient péniblement d’en faire et qui vont trouver toutes les petites failles, tous les lieux de vide institutionnel pour pouvoir faire exister du texte et pas seulement.