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Audioguide - Wendy Owusu

Centre Culturel Jean-Cocteau · Wendy Owusu

La réalisation des oreillers pour l'espace d'exposition est née d'une collaboration avec Alexandre Barré, graphiste et professeur au Centre culturel des Lilas et Simon qui est le curateur de l'exposition Dans ma chambre. J’ai l'habitude de travailler le textile dans ma pratique personnelle et je voulais créer un objet fonctionnel où des gens se sentiraient à l'aise pour s'asseoir voire s'allonger pour regarder tranquillement les projections dans l'exposition.

Mais je ne voulais pas que ce soit un objet trop anodin. Il devait avoir un caractère un peu spécial parce que c'est une collaboration avec plusieurs personnes : des élèves d’Alexandre au centre culturel et des personnes réfugiées accompagnées par le centre LGBTQI+ de Paris et Ile-de-France dans le cadre de leurs rencontres Melting Point. Je voulais que ce soit quelque chose qui me ressemble, mais quelque chose qui leur ressemble aussi et qui soit facile à s'approprier.

Dans ma vie et dans ma pratique personnelle, j'utilise le vêtement pour raconter des histoires. C'est un agent narrateur. Ce n’est pas juste un objet fonctionnel. Et au-delà de la fonctionnalité et de la narration, c'est aussi l'esthétique qui est importante.

On est partis sur l'assemblage de plusieurs textiles. C'était l'occasion pour le groupe d'apprendre à faire un patchwork : à construire un patron et à le coudre. On a proposé aux participant.es de créer un motif ou un texte qui a été traduit numériquement avec Alexandre. Ce motif ou ce texte va raconter une histoire et expliquer pourquoi cette pièce est importante. J'ai demandé à tout le monde de trouver quelque chose d'intime qui pourrait les décrire au mieux, soit avec les mots, soit avec un motif, soit avec une photo imprimée. Et iels ont tous choisi quelque chose. Il y a quelqu'un qui a choisi sa meilleure amie qui est malheureusement décédée il y a quelque temp, quelqu'un d'autre a choisi une illustration qui représente une activité qu'elle apprécie. Pour un autre participant, c'était un cœur pour représenter l'amour et son lien avec l'association.

Cet objet fonctionnel, le coussin est conceptuellement lié à l’exposition « Dans ma chambre » puisque c’est un objet qu’on retrouve dans cet espace. Et dans ce contexte-là, cet objet dit quelque chose de la personne qui l’a réalisé.

Ma démarche à l’atelier est très liée au projet Femmes Abénakis Daria pour lequel je me suis inspirée des caractéristiques et des anecdotes liées à ma maison pour raconter quelque chose à travers le textile. Lorsque je mène des ateliers, j'essaie toujours de lier au moins une ou plusieurs caractéristiques de ma démarche à l'atelier. Dans tous les ateliers en groupes que je propose, au-delà d’enseigner une technique, de transmettre au groupe, je fais toujours en sorte que les participant.es apportent leur touche, leur signature et que ce soit vraiment une collaboration.

Pour cet atelier coussin, il s’agissait d’une première pour la plupart des participant.es. Iels n’avaient jamais travaillé le textile avant. Iels étaient très curieux. Certaines d’entre iels m’ont demandé si donnais des cours car cela leur a donné envie de poursuivre.

Une des participantes m'a expliqué qu'elle aimerait bien en faire son travail mais qu’elle n’avait pas les moyens de se former. Je lui ai donné des pistes de formations qui seraient possiblement lancées par Pôle emploi ou par la mairie de Paris ou à bas coût. Elle me disait qu'il y a longtemps, quand elle habitait dans son pays d'origine, elle avait travaillé le textile un peu sur des machines qui fonctionnent différemment. Mais du coup, il lui restait quelques compétences. Elle a appris assez vite à travailler sur la machine à coudre qu'on avait pendant l'atelier. J’ai hâte de la voir à la fin de l’exposition, lorsqu’elle viendra récupérer son œuvre pour savoir si elle a pu trouver une formation.