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BIANCA ARGIMÓN _ERROR 404_

 
Erreur 404. Il sagit dune erreur. […] Cest tout ce que nous savons.
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Le code 404 signale un des incidents de parcours les plus courants dans la navigation web. L’internaute vient de tomber dans une impasse, la page recherchée est introuvable. L’exposition présentée par Bianca Argimón1 au centre culturel Jean-Cocteau emprunte son titre au langage informatique pour interroger, par métonymie, le cul-de-sac où l’individu contemporain semble à bien des égards s’être engouffré.
 
La pratique du détournement est le mode opératoire privilégié de l’artiste. Ses œuvres retranscrivent l’actualité économique, politique et sociale diffusée par les médias en y injectant une dose d’ironie qui en révèle l’absurdité. De la spéculation financière aux paradis fiscaux, des mégafeux indomptables à l’étouffement des luttes pour les droits civiques et sociaux, Bianca Argimón questionne les (en)jeux de pouvoir qui régissent notre époque en nous invitant à « chercher l’erreur ». 
 
Pour cela, l’artiste joue sur une mise à distance esthétique du temps présent. Si le cirque médiatique constitue sa principale source iconographique, elle déjoue son instantanéité en l’inscrivant dans l’histoire de l’art et se moque de son spectacle en donnant à la violence de ses images des formes douces, d’une naïveté paradoxale et déroutante. Il en résulte des œuvres qui interrogent notre système de compréhension du monde, en plaçant dans ses rouages le grain de sable du doute.
 
Loin de suggérer des solutions aux impasses qu’elle met en exergue, l’œuvre de Bianca Argimón affirme la relativité des valeurs qui en sont à l’origine, et la nécessité pour chaque individu d’en questionner les implications. Si pour Albert Camus2 la révolte constitue la seule réponse à l’absurdité, la contribution de l’art consiste à la rendre visible en affirmant poétiquement, telle une erreur 404, la faillibilité d’un codage qui met tout en œuvre pour la passer sous silence.
 
 
 
 
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1. Née à Bruxelles en 1988, Bianca Argimón vit et travaille à Paris. Après avoir fréquenté l’Ėcole nationale supérieure des Arts Décoratifs, les Ateliers de Sèvres et la Rhode Island School of Design, elle sort diplômée de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (atelier de Jean-Michel Alberola). Lauréate du Prix du dessin contemporain des Beaux-Arts de Paris / Guerlain en 2016 et du Prix Lafayette Anticipation 2018, elle est actuellement en résidence à la Casa de Velázquez (Madrid).
 
2. Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, Ėditions Gallimard, Paris, 1942.