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Audioguide Amélie Bigard et Jade Boudet

Centre Culturel Jean-Cocteau · 3. Amelie Bigard Et Jade Boudet

Amélie Bigard et Jade Boudet, Bobby brûle, 2021

Vidéo : 21’ 
Courtesy des artistes
Attention : certains contenus peuvent heurter la sensibilité du jeune public.


Amélie Bigard (AB) : Comme Bobby n’était pas à l’aise avec l’idée de se mettre en scène, nous avons voulu créer une espèce de mythe à partir d’images d’archives provenant de YouTube : un personnage qui serait né des flammes et qui serait orphelin. Il a beaucoup aimé l’idée et a eu envie d’être filmé. 

Jade Boudet (JB) : Il y avait aussi des images qui revenaient sur beaucoup d’événements que nous avions vécu à Marseille ces derniers mois : les images de feux de forêt provenant d’Aubagne par exemple ou la victoire de l’Algérie lors de la coupe d’Afrique de 2019.

AB : Nous avons très vite décidé de faire un double portrait tout en restant plus axées sur le personnage de Bobby. Il nous semblait plus intéressant de filmer Bobby en interaction avec moi afin que son personnage ait quelqu’un à qui raconter ses histoires et à amener dans ses fantasmes. 

JB : Dans la genèse du projet, Amélie m’avait raconté plein d’histoires sur le personnage de Bobby que je ne connaissais qu’à travers ces histoires-là. En partant de jeux, nous avons réussi à créer des séquences (faire un barbecue sur une voiture, filmer une poule…). 

AB : Les scènes n’étaient pas complètement écrites car nous souhaitions laisser la part documentaire se créer devant la caméra.  

JB : Tout échouait tout le temps. Par exemple, nous souhaitions faire un tour de magie avec une poule mais cela ratait à chaque fois. Comme Bobby, nous croyions tellement à nos fantasmes qu’il y avait parfois un décalage. C’était aussi croire que nous faisions un film alors que nous ne savions pas en faire. 

AB : Bobby habitait en zone périphérique de Marseille et se baladait beaucoup seul en voiture. Nous l’avons filmé dans des endroits qui lui étaient familiers ou qui ressemblaient aux lieux dans lesquels il évoluait. Il nous racontait des histoires et nous essayions de  retrouver  les  endroits  dans lesquels  il  avait  vécues histoires. Un des fantasmes principaux de Bobby était de faire rêver Mélo et de construire quelque chose avec elle. C’est comme cela qu’est arrivé le motif de la maison avec l’apport du dessin. 

JB : Ce motif était au cœur de votre relation. Mélo émet le désir d’avoir une maison et Bobby protège cette maison. Nous avions préécrit les saynètes où il protège la maison et la scène du dessin et c’est au montage que nous avons décidé d’en faire un point de départ et un point d’arrivée.


 
 
Amélie Bigard, Better Day, 2022
Tempera, peinture de carrosserie et feuille d’or sur bois entoilé
28 x 19 cm
 
Dans le tableau Better day, je voulais peindre une scène d’adolescents qui s’amusent à des jeux violents. Je trouve qu’il correspond bien au film Bobby brûle car j’imagine cette scène comme une journée entre amis qui s’ennuient. Ce seraient des jeunes en périphérie de la ville qui n’ont donc pas forcément accès à des occupations « normales » d’adolescents comme on l’entend : aller au cinéma, au centre commerciale etc. Ils doivent créer des espaces pour s’occuper et la violence semble être un jeu.

Le t-shirt que porte le personnage de gauche est celui d’un groupe de métal, Mayhem. Ils sont connus notamment pour avoir brulé des églises. J’aimais l’idée de peindre une cathédrale en miniature - un motif que l’on corrèle à la foi, mais qui est plutôt le signe d’un refus des institutions religieuses. Le t-shirt du personnage du centre reprend le logo et les couleurs du maillot de foot de l’équipe de la Fiorentina, un clin d’oeil déguisé à la peinture italienne de la Pré-renaissance et notamment florentine qui m’inspire tant.
 
 
Amélie Bigard, Le Danseur, 2021
Tempera sur bois entoilé
28 x 19 cm

Le Danseur représente un adolescent dans sa chambre. Il est entouré d’images et objets : un aquarium, des filles nues, un poster de boxe, un paysage. Autant d’éléments qui peuvent rappeler le décor très genré et codifié d’un jeune garçon. La chaise retournée au sol est là pour montrer sa frustration et sa colère.
 
Il s’agit peut être d’un adolescent en crise, angoissé face à l’avenir, qui se sent enfermé dans un rôle et dans des fantasmes qui paraissent dur à réaliser : l’amour ou en tous cas le sexe, la réussite (un poster de ceux qui pourraient être ses idoles), l’abandon de l’enfance (le dessin d’enfant au sol), un ailleurs à trouver (le paysage)…