Un site de la Ville des Lilas

56 m de dénivélé, Hugo Saby et Anne-Laure Vincent

Résidence territoriale de céramique
Deux artistes mènent depuis janvier 2022 une résidence de recherche et de création au sein de l’atelier de céramique du Centre Culturel Jean-Cocteau. Hugo Saby (1991, Paris), professeur de céramique au Centre culturel, y développe une réflexion autour d’une sculpture documentaire qui utilise la prise d’empreintes pour réaliser des « photographies » en volume d’objets et de lieux. Anne-Laure Vincent (1994, Marseille), chercheuse et plasticienne céramiste, associe pour sa part une recherche sur la matière à une anthropologie et une archéologie des territoires qui la produisent.

Porté.es par un même intérêt pour l’histoire que recèlent les matériaux dont l’extraction permet une expérimentation plastique, ielles opèrent avec un objectif commun : documenter le territoire des Lilas et ses environs. Grace à un recueil de témoignages, de terres et d’empreintes, ils dressent le portrait en creux d’un territoire-matrice qui imprime ses spécificités, ses récits et ses formes dans un ensemble d’œuvres-fragments.   

Dans cette volonté de sculpter le territoire, il s’agit aussi de puiser la poésie que la substance de son terreau renferme. Creuser le sol, en extraire des portions, voilà déjà une prise d’empreinte. La terre est gorgée d’histoires du passé, il ne reste qu’à la remuer pour écrire celles du présent : l’extraction dévoile un lieu, le modelage le raconte. Par exemple, la couleur de l’argile change en fonction du chemin qu’elle a parcouru : elle se charge de différents minéraux, tout comme nos expériences nous changent au fil du temps. Par la déambulation et le guidage des données cartographiques, Hugo Saby et Anne-Laure Vincent font corps avec le territoire des Lilas, y fouillent les éléments nécessaires à la construction de récits, puis les matérialisent par des sculptures/objets en céramique.

Durant la résidence, les habitants sont invités à participer à des temps de recherche collective. Par le cheminement de la céramique, ils transforment les matériaux de leur environnement en objets, s’appropriant symboliquement, par la création, un sol commun. En avril et mai, deux ateliers ont permis la récolte de matières premières, de prises d’empreintes, et d’enquêtes sur le territoire ; deux ateliers de modelage ouverts à tou.tes sont programmés en juillet au sein d’une exposition qui retrace les recherches de la résidence. Les formes modelées par les participant.es seront fixées par la cuisson dans un four construit et activé collectivement dans le square Georges-Gay le 1er octobre, à l’occasion de la Nuit Blanche. Chaque temps de rencontre comprend des échanges sur le travail des artistes, sur ce qu’est la céramique et comment on peut transformer la terre des Lilas en sculpture tout en lisant dans les strates de sa géologie l’histoire de la ville.