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XIAO FAN RU

Au cours des cinq dernières décennies, la peinture en France a affronté les critiques et attaques les plus virulentes.  Accusée d’être « décorative », poussée dans ses retranchements par les avant-gardes qui explorèrent dans les années 1960 et 1970 ses limites matérielles, thématiques, idéologiques, la peinture a dû céder la place : formellement, au principe de « l’installation » ; intellectuellement, aux pratiques « conceptuelles » ; politiquement, à « l’implication » de l’artiste dans les problématiques de la cité.

C’est dans ce contexte artistique que Xiao Fan Ru prit pourtant le parti, en France dès 1983, de se consacrer à ce medium ancestral. Mais, restant attentif aux questionnements soulevés par les avant-gardes, la voie qu’il choisit fut d’emblée celle d’une écoute attentive aux thèmes de son temps : l’ultra consumérisme, l’isolement provoqué par l’individualisme, les modes de détournement de la conscience politique des masses.

Sous cette apparente tension dans le choix de ses recherches, se cachent pourtant deux facteurs de Salut : la poésie, tout d’abord, rendue par la douceur des camaïeux, le traitement onctueux de sa palette. Et l’humour ensuite, caustique, sarcastique presque, qui ne manque jamais de souligner le regard malicieux que ce peintre porte sur notre époque.

Un regard « hyperréaliste » en quelque sorte, mais qui se tient à distance des univers sous cloches et autres scènes de crimes qu’il compose, et dont cette exposition présente une sélection. « Peindre ce n’est pas dépeindre » affirmait Georges Braque : à l’heure où les « ismes » ont disparu, la leçon du maître du Cubisme a bien été retenue.