Un site de la Ville des Lilas

SCULPTURE(S)?

Longtemps, la sculpture a été considérée comme un art encombrant et coûteux au service du pouvoir ou à visée commémorative, peu enclin aux innovations artistiques. Pourtant, dès la fin du XIXe siècle, Auguste Rodin insuffle dans la terre qu’il modèle une force de vie nouvelle et inocule des ferments de révolution dans cet art de l’espace. Cet esprit de recherche et d’expérimentation se poursuit tout au long du XXe siècle.

Mais aujourd’hui, comment définir la sculpture contemporaine ? Serait-ce une action radicale comme celle de Jean-Pierre Raynaud qui détruit sa maison et en présente les fragments ? Un travail à partir de matériaux élémentaires périssables comme celui de Michel Blazy ? Un geste de découpe de la nature pour en révéler la poésie, tel que le pratique Wang Keping ? Ou encore une accumulation d’objets ordinaires, témoins pour Daniel Spoerri de nos vies matérielles ?

Quels que soient la forme et le projet de l’artiste, une sculpture s’envisage par le rapport qu’elle entretient avec l’espace, dans lequel elle prend place et dont elle impose le partage. Hauteur, largeur, profondeur : ses trois dimensions invitent le spectateur à se déplacer autour d’elle, à l’apprécier sous différents points de vue. En s’invitant dans l’espace du regardeur, elle rompt le face-à-face des œuvres en deux dimensions – peintures, photographies, dessins. Elle vient au contact.

L’exposition Sculpture(s)? proposée par le centre culturel Jean-Cocteau en partenariat avec la Collection départementale d’art contemporain de la Seine-Saint-Denis, présente quelques-unes des recherches développées ces dernières décennies. Les quinze œuvres choisies sont rassemblées autour de trois axes que sont la nature, le corps humain et l’objet. En effet, la nature est un élément fréquemment convoqué par la sculpture contemporaine, qu’elle lui emprunte ses matériaux ou en sublime les formes. Les objets de notre quotidien sont également une source d’inspiration fréquente, porteurs d’un questionnement sur la structure consumériste de la société. Enfin, la représentation de la figure humaine est un sujet récurrent, entretenant constamment le dialogue avec l’histoire de l’art.