DAVIDE CERULLO, Les Justes de Gomorra
Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c'est que vous n'êtes pas assez près.
Aimez les gens et faites-leur savoir.
Robert Capa
Davide Cerullo naît en 1974 dans la banlieue de Naples. Neuvième d’une fratrie de quatorze enfants, il grandit dans le quartier de Scampia que l’on surnomme « les Voiles » du fait de la forme caractéristique de ces grands ensembles bétonnés.
A treize ans, Davide Cerullo tombe dans l’engrenage de la Camorra, la mafia napolitaine rendue tristement célèbre par Gomorra, le roman de Roberto Saviano. En prison, il découvre la lecture, puis la poésie de Pier Paolo Pasolini, qui l’incitent à mettre son parcours à distance et à envisager une reconversion dans l’accompagnement des enfants de Scampia, où il vit toujours.
Parallèlement à son action éducative, Davide Cerullo développe un travail d’écriture et de photographie, capturant le quotidien des familles, miroirs d’un environnement hostile où l’espoir survit toutefois. L’image et la parole deviennent des outils pour dresser un (auto)portrait collectif exempt de jugements, donnant à la représentation une fonction émancipatrice de prise de conscience de soi et de l’autre.
L’exposition du centre culturel dévoile la production de cet engagement quotidien que Davide Cerullo mène depuis quinze ans. Elle invite le visiteur à franchir les portes de « Gomorrhe* », ville-réceptacle des maux de la société, pour aller à la rencontre des « justes » qui l’habitent et dont l’humanité résiste fièrement derrière les murs du jugement.
Par leur proximité avec le sujet, l’objectif et le stylo de Davide Cerullo mettent en lumière ceux qui demeurent dans l’ombre, en nous rappelant ce qu’est un visage : « une identité humaine qui questionne notre part de responsabilités vis-à-vis d’une revendication de justice sociale ».
* Dans la Genèse, au temps d’Abraham, les villes de Gomorrhe et Sodome sont détruites par la « pluie de feu » de Yahvé, punissant les mauvaises mœurs de ses habitants. Dans le récit, les « justes » sont ceux dont la valeur morale résiste à la dépravation.