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La Nuit venue, on y verra plus clair

Prosper Legault, Nefeli Papadimouli avec Vincent Ceraudo et Andre Serre-Milan, Camille Plocki
Attention : pour préparer la performance du samedi 2 mars à 16h, les oeuvres de l'exposition ne seront pas visibles dans leur intégralité du vendredi 1er mars à 12h au lundi 4 mars à 10h.
 
La nuit tombée, les appartements s’éteignent tandis que la ville s’illumine de milliers de néons. Certain·es terminent leur journée et se couchent, d’autres la démarrent, au travail ou en quête de libertés. Deux mondes parallèles coexistent alors : celui rêvé des dormeur·ses et celui éveillé des noctambules. L’exposition La Nuit venue, on y verra plus clair* invite trois jeunes artistes aux univers plastiques différents à transformer le Centre culturel Jean-Cocteau et ses alentours en espaces suspendus entre songe et réalité, en interrogeant les liens conscients et inconscients qui régissent nos espaces communs.

Extérieur, nuit. Prosper Legault (Bordeaux, 1994), parolier et sculpteur de la ville, allume des oeuvres composées d’enseignes et de néons, disséminées entre la sortie du métro Mairie des Lilas et la façade du Centre culturel Jean-Cocteau. Devantures de fried chicken, de pharmacies et de supérettes 24/24 mélangent leurs lettres, telle une vision de fin de soirée, pour assembler des poèmes électriques et délirants aux couleurs acidulées. Rébus de rebuts étonnants par leurs jeux d’associations d’une puissante simplicité, ils racontent des vies qui ne s’arrêtent pas, un flux d’échanges qui se déroule sous les yeux fatigués par la lumière artificielle de led survoltés. Non loin des oeoeuvres de Prosper Legault, à l’entrée du Centre culturel, un ensemble de voix murmure des histoires de nuits blanches. Camille Plocki (1992, Les Lilas), metteuse en scène en résidence avec la compagnie la Hutte au Théâtre du Garde-Chasse, a recueilli une série d’interviews de personnes qui travaillent la nuit aux Lilas pour en faire une oeuvre sonore. Boulangère, artiste, veilleur de nuit, agent d’astreinte technique, sage femme, barman, rappeur, iels racontent leurs nuits-type, les anecdotes et conséquences d’un rythme vécu pendant nos heures creuses, invisibles à celles et ceux qui passent la nuit sous la couette.

Intérieur, nuit. Pour Nefeli Papadimouli (1988, Athènes), la ville est un espace sensible, qui habite autant qu’il est habité des sensibilités de ses habitant·es, jusqu’à devenir le décor de leurs rêves. Elle transforme l’intérieur du Centre culturel en oeuvre “totale” qui nous plonge dans les bras de Morphée. Un film surréel, réalisé en collaboration avec l’artiste Vincent Ceraudo et le compositeur André Serre-Milan, est l’épicentre d’une installation qui déploie ses costumes-sculptures dans l’espace, troublant les limites entre fiction et réalité. Existe-il un métaverse qui nous réunit lorsque l’on rêve ? Nous avons tous et toutes déjà rêvé de voler, de tomber, de courir sans fin. Et si ces rêves communs nous reliaient les un·es aux autres ? Avec pour décor les architectures étonnantes des Lilas, les personnages du film, lilasien·nes** et performeur·ses professionnel·les, traversent et plongent dans des bâtiments figés dans un futur passé : une citée peuplée, une piscine la nuit, une tour de communication, un théâtre abandonné. Visions, symboles, souvenirs et affects inspirés des rêves recueillis par l’artiste auprès des habitant·es, traduisent subtilement l’inconscient collectif d’une communauté et en questionnent les espaces de liberté et d’interdépendance. Le rêve serait-il plus réel que la réalité ? Quels fils relient la nuit, le jour et ses habitant·es ?

Extérieur, jour. Endossés dans le film et exposés dans l’installation, les costumes-sculptures de Nefeli Papadimouli reprendront vie lors d’une performance dans l’espace urbain samedi 2 mars après-midi. Habits des personnages du songe, ils seront de nouveau portés du Centre culturel Jean-Cocteau jusqu’aux planches du Théâtre du Garde-Chasse pour une première expérience scénique de l’artiste, rejoignant une chorale de rêveur·ses mise en scène par la compagnie la Hutte.
 
*Citation de Roland Topor (1938-1997), artiste aux figurations nocturnes et surréelles.
** Michèle Benhaim, Evelyne D’Hostingue, François Gadois, Barbara Grynblat, Nancy Aguilera Torres, Patricia Remy, Annette Sadoul, Brigitte Socier ainsi que pour la bande sonore Michel Arcelain, Michèle Benhaim, Barbara Grynblat, Ingrid Ivorra, Katarina Norrman, Annie Satler, Steve Zade.
 
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