Histoire de la ville

Petite histoire de la commune des Lilas et de sa création en octobre 1867
Citoyenneté

Une ville jadis couverte de bois

Autrefois, le territoire de la ville des Lilas était couvert de champs, de vergers, de vignes et de bois, principalement de lilas et de bouleaux. Au 18e siècle, on n'y trouve encore aucune habitation. A cette époque, la carte des chasses ne fait mention que d'un seul lieu-dit: “les Brières” à Bagnolet.
L'axe central du développement urbain des Lilas, la route de Paris par Belleville à Romainville existe déjà en 1740. Deux châteaux se partagent alors une bonne partie du territoire: le “château des Bruyères”, habité en son temps par la famille de Rohan-Chabot, détruit en 1760, et le “château de Romainville”, propriété du Maréchal de Ségur. 
Le plan de 1780 indique le “bois des bouleaux” sur une zone comprise entre Pantin, Belleville, Bagnolet, Romainville. À partir de 1780 s'étendent Belleville et, plus haut, La Courtille, annexés à Paris.
De 1810 à 1845, le bois des Bouleaux, devenu bois de Romainville, devient une promenade à la mode, célébrée par Paul de Kock. Les parisiens en manque de verdure viennent y promener leurs conquêtes, leur faire goûter le petit "gris de Bagnolet", danser à "la Poule Russe"... et se perdre dans le bois. Le plus célèbre de ces parisiens est le romancier populaire Paul de Kock, qui, tombé sous le charme, y fera construire une résidence.

Très vite, le bois diminue, au profit de constructions. Le lieu passe en trente ans de trois maisons en 1820, à 300 demeures bâties... et une trentaine de débits de boisson en 1858. Chaque commune intervient sur son territoire sans concertation avec les autres. Aussi les 300 propriétaires (pour 2000 habitants…) se syndiquent afin d'être traités de la même façon sur un territoire qu'ils jugent commun. Ils envoient le 20 février 1859 une pétition au baron Lepic, sous-préfet de l'arrondissement de st Denis, demandant la création d'une municipalité autonome qui s'appelllerait “Le bois de Romainville”. Les communes alentour, rejointes par Le Pré-Saint-Gervais s'y opposent, mais la mairie de Romainville tombe aux mains de Guérin Delaroche, propriétaire dans ledit bois. Sa municipalité (majoritaire territorialement dans le projet) vote pour la création d'une commune: Napoléon le Bois.

La naissance d'une commune

Le développement commercial et culturel de la ville, le manque d'écoles concourrent à envisager une autonomie propre du bois de Romainville. Le 28 juin 1867, le corps législatif adopte le projet de création des “Lilas”, commune formée de territoires distraits des communes de Pantin, Romainville et Bagnolet, lesquelles constituaient, avant la Révolution, des municipalités de la Généralité de l'Élection de Paris, et des paroisses du doyenné de Chelles.
Le 9 juillet, le Sénat accepte la promulgation de la loi. Le 24 juillet, au nom de Napoléon III, est promulguée la loi créant la commune, 71e du département de la Seine. Guérin Delaroche qui s'est désisté de ses fonctions de maire de Romainville est nommé maire des Lilas par décret impérial du 5 octobre, en même temps que les membres du nouveau conseil municipal dont la réunion a lieu le 27. «De 1867 à 1893, [Les Lilas sont une] commune de l'arrondissement de Saint-Denis et du canton de Pantin. Maintenue à ce canton par la loi du 12 avril 1893.»*

A la fin du XIXe siècle, les petites entreprises se multiplient. Parmi les manufactures les plus importantes, la maison Patrelle commercialisera le “savon des Brières” et “l'arôme Patrelle”, rondelles d'oignons qui parfumaient les potages, plusieurs usines de caoutchouc, l'entreprise de celluloïd Petitcolin...

La rue de Paris, desservie dès 1898 par des omnibus en provenance de la capitale voisine, déjà envahie par une multitude d'épiceries-buvettes, devient très commerçante et adoptera le surnom de “grande artère du pays”. 
En 1908, on relève aux Lilas les noms de seize épiceries, trois grainetiers, neuf boucheries (dont la boucherie Lebœuf), neuf boulangeries...


En 1914, on compte 14 000 habitants dans la commune, près de 20 000 entre les deux guerres. Le patrimoine architectural de cette époque est encore visible dans la ville: l'hôtel de ville républicain rue de Paris (Charles Héneux, 1883-1884, peinture de Jean-Léon Gérôme), la salle des fêtes à l'angle des rues Waldeck-Rousseau et Paul de Kock, (Léopold Bévières, 1903-1905, plafonds peints de Victor Tardieu, 1908), le Fort de Romainville (1870), l'hôtel d'Anglemont, la Cité-Jardin.

Durant l'entre-deux-guerres, la ville crée des équipements culturels, sportifs (gymnase Liberté, rue de Paris, en 1936) et scolaires (école Romain-Rolland, en 1936). Le métro remplace petit à petit le tramway et la station Mairie des Lilas est inaugurée en 1937. 

Le développement de l'après guerre

 

La Deuxième Guerre mondiale touche dûrement la ville comme en témoignent les nombreuses plaques apposées à la mémoire des résistants.

Après la Seconde Guerre mondiale, la ville connaît un fort développement économique. Le parc des sports est ouvert en 1973, la piscine en 1976 et le centre Henri-Dunant la même année. La crèche Calmette est inaugurée en 1975. La tour TDF s'installe en 1984. Elle permet la transmission de programmes de radio et de télévision vers l'ensemble du territoire français. Le Lycée Paul Robert construit par Roger Taillibert, architecte de renommée internationale (Parc des princes, stade olympique de Montréal) est inauguré en 1993.

les années 2000

 

Dans les années 2000, la ville poursuit sa modernisation tout en gardant son esprit et son identité de village avec en particulier une intense activité commerciale de proximité. Parmi les réalisations les plus marquantes : l'ouverture du parc Lucie Aubrac, le groupe scolaire Victor Hugo, les restaurants scolaires des écoles Romain-Rolland, la réhabilitation de la crèche et la nouvelle école Calmette dans le quartier des sentes, la piste d'athlétisme du parc des sports, la nouvelle église, le réaménagement de la rue de Paris et autres chantiers de renouvellement urbain… La ville profite aussi de ses excellentes relations avec les collectivités locales voisines, notamment Paris, et du dynamisme créé par la couverture (concertée entre les Lilas et Paris) du périphérique Porte des Lilas et son aménagement urbain (arrivée de nombreuses entreprises et installation d'équipements culturels, comme la dalle aux chapiteaux et prochainement un multiplex cinéma de 7 salles, classé arts et essai).

* source: État des Communes, 1901

 

Lire l'ouvrage
“Quand Les Lilas”, l'ouvrage de référence sur l'histoire de la ville, réalisé par Jean Huret.
En consultation à la bibliothèque André Malraux et en vente au prix de 34,70€ au service archives-documentation.

Est aussi en vente une brochure intitulée "Patrimoine Mémoire : la Résistance aux Lilas : Résistants dont les noms figurent sur nos plaques de rues" au prix de 5€10. 
« En 1811, une de mes premières passions m'incita à écrire mon premier roman. Elle avait dix-sept ans. C'était une grisette, une petite fleuriste de la rue Saint-Martin...(...) Connaissant le Bois comme ma poche, je ne m'y égarais avec une de mes conquêtes que pour y récolter le bénéfice de ses terreurs. Sur la lisière du Bois, un cabaret villageois, à la fois propre et simple, vous invitait à entrer pour vous rafraîchir. C'était la Poule Russe. Il existe encore. On y buvait du petit vin de Bagnolet, du "picton" à quatre sous la bouteille. »

Paul de Kock Mémoires