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Jean-Marc Chapoulie_ MACHIN-MACHINE

La réception dans la distraction, qui s'affirme avec une croissante intensité dans tous les domaines de l'art et représente le symptôme de profondes transformations de la perception, a trouvé dans le film son propre champ d'expérience. Le film s'avère ainsi l'objet actuellement le plus important de cette science de la perception que les Grecs avaient nommée l'esthétique.
W. Benjamin, L’Œuvre dart à l’époque de sa reproductibilité technique, 1935

 

Cinéaste, vidéaste, théoricien, commissaire d’exposition et enseignant, Jean-Marc Chapoulie* fait du cinéma l’objet de sa recherche artistique. Résolument politiques, ses œuvres interrogent les rapports de force existant entre la réalité et ses représentations filmées.
 
Contraction de « cinématographe », machine brevetée par les frères Lumière en 1894, le mot « cinéma » a largement excédé, dans son acception actuelle, sa signification originelle. À l’ère d’Internet et du tout-filmé des smartphones, visioconférences, drones et autres caméras de surveillance, quelles sont à présent ses limites ?
 
Tel un archéologue, Jean-Marc Chapoulie fouille dans l’histoire du septième art et étudie la portée symbolique de ses vestiges techniques : les machines. À travers une série d’installations immersives et déroutantes, il déconstruit et redéfinit le périmètre d’un « cinéma élargi », miroir du monde actuel et des relations que nous entretenons avec nos contemporain.e.s.
 
De la magie des peintures rupestres animées par la lueur des flammes aux premières images de Mars retransmises par la NASA sur l’hébergeur Youtube, l’artiste poursuit une réflexion sur les enjeux poétiques et politiques de la production d’images en mouvement. À partir de cette relecture, Jean-Marc Chapoulie établit pour le cinéma une définition nouvelle mêlant le mot « machine » au terme générique désignant de manière familière une personne ou une chose : Machin-Machine.
 
Érudit et fantaisiste à la fois, ce calembour interroge la relation entre les images produites par des machines et les machins-machines qu’elles représentent. Jean-Marc Chapoulie recompose ainsi la trame d’une histoire collective qui interpelle le spectateur et pose cette question troublante : à qui appartient la réalité ?
 
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* Né en 1967 à Poitiers, Jean-Marc Chapoulie vit et travaille aux Lilas. Son œuvre a été montrée dans d’importantes institutions d’art contemporain. Commissaire d’exposition associé à la Biennale de Lyon en 2001, il enseigne depuis 2006 à l’École supérieure d’art Annecy Alpes (ESAAA). Son dernier film, La Mer du milieu, a reçu le Grand Prix de la compétition Française au FID (Festival International du Documentaire) de Marseille en 2019.